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Catégorie : Histoire
Les premiers verriers et le deuxième château
La poste aux chevaux
L’organisation communale sous l’ancien régime
Les seigneurs et nobles
Le clergé.
La structure sociale agricole
La révolution à Pourcieux.
 
 
Les premiers verriers et le deuxième château
La période de la Renaissance correspond à une reprise démographique en Provence.
 
La Villa Porcilis va voir sa population augmenter. Une officine de verrier y est attestée dés 1444, appartenant à la même famille de verriers émigrés d’Altare : les Masse L’activité du verre constituera pendant de nombreuses années, voire plusieurs siècles, une industrie importante et contribuera au renom de la localité. Parmi les maîtres verriers on note de Ferry, du Queylar, d’Escrivan….
 
 
Au début du XVème siècle, le Castrum de Porcils abandonné, un nouveau château flanqué de tours est construit par les seigneurs de Pourcieux héritiers des Vicomtes de Marseille : les d’Agoult. Cet édifice jouxte la fontaine publique que le seigneur essayera en vain de s’approprier.
 
Aujourd’hui on peut encore voir une des tours du château abusivement assimilée à un pigeonnier.
 
Parallèlement au château est aussi bâtie une chapelle privative pour le seigneur et sa famille. Plusieurs membres y seront d’ailleurs enterrés. Il ne reste absolument rien de cette chapelle qui se situait sur la place de la Paix à l’emplacement actuel du monument aux morts.
 
En 1513 dans un contrat entre verriers est cité « Gregorius Berbiguerii veyrerius burgi castri de Porcilis ». Ceci confirme que le village de « villa » est devenu « burgus » avec donc la présence du château précédemment évoqué.
 
Au XVIème siècle Pourcieux aussi nommé Pourcioux, Porcils, Porcioux, Poucioux , Pousieu, comptait 60 maisons, dix bastides et « une population de 300 âmes de communion ». C’était un simple fief seigneurial sans titre de marquisat, comté ni baronnie.
 
C’est à cette époque également que l’antique voie romaine ne sera plus utilisée pour accéder au village si ce n’est pendant les nombreuses périodes de contagion (peste). Cette voie offrait un accès au bourg par un « portail » situé à l’angle de la rue du Four et de la rue du Portail. Désormais la voie publique passera entre le lavoir public et le château d’Agoult comme le montre la carte de Cassini et rejoindra le tracé traditionnel le la voie antique à la sortie Ouest du village.
 
La poste aux chevaux
 
Le lavoir, cette fontaine publique si importante dans un pays où l’eau est de l’or (Eici l’aïgo es d’or Frédéric Mistral), va voir s’implanter la Poste aux Chevaux : un relais de poste doublé d’un logis du même nom, géré par un maître de poste qui devait en acheter la charge à grand prix. C’est la famille Demours qui pendant plusieurs générations occupera cette fonction de maître de poste. Le relais de Pourcieux était situé entre ceux de Rousset et de Tourves distant de 7 lieues environ chacun.
Un autre logis, plus grand, appelé Logis de Sainte Madeleine ou plus tard Logis de la Masse puis logis de la Couronne occupait tout le pâté de maisons entre la place de la Paix et la rue du Claou. Il appartenait au seigneur du lieu qui l’arrentait.
 
L’organisation communale sous l’ancien régime
 
La communauté rurale de Pourcieux était organisée dés le XVème siècle sur le modèle urbain.
 
Elle était gérée par une assemblée de consuls (5 puis 7 en 1672) choisis parmi les hommes « intelligents, catholiques, de bonnes mœurs et dévoués au service de dieu, du roi et du pays », « pour le bien de la veuve et de l’orphelin ».
 
En 1420 elle bénéficie de privilèges le la part des seigneurs, (pâture des troupeaux, construction de fours à chaux, coupes de bois et futailles ……) qui seront régulièrement renouvelés notamment par Joseph d’Agoult et Charles de Vitalis (droits de propriété sur le bois du Déffends 1578).
 
Une « maison de ville » fût construite en 1663, située au n° 6 rue Raoul Blanc, elle était le siège de la communauté.
 
Les revenus de la communauté étaient constitués principalement par la vente des « herbages, ramages et glandages » du bois du Défends et par la taille des biens roturiers.
 
Les « consuls vieux » chaque année, le premier dimanche de janvier, après avoir assisté à la messe du St Esprit, procédaient seuls à la désignation de leurs successeurs. Ils étaient chargés de recouvrer les impôts pour le roi, pour le seigneur et pour la communauté, de veiller à la santé publique notamment pendant les périodes de peste en isolant le village et en établissant des barrières sanitaires. Ils s’occupaient également des pauvres et des indigents en distribuant des céréales pendant les périodes calamiteuses. C’étaient eux aussi qui avançaient l’argent pour nourrir les nombreuses gens de guerre passant sur le « grand chemin » de même que leurs chevaux. Ils veillaient à l’entretien du « grand chemin » notamment de la « calade » à la sortie du village afin que « les courriers et chaises de postes puissent passer commodément et sans aucun danger ».
 
La communauté salariait plusieurs personnes :
 
Un greffier (généralement un notaire des localités voisines).
Un maître d’école lorsque ce n’était pas le vicaire où le chirurgien.
Un sergent de ville ou valet des consuls chargé du service de ville, du transport des lettres et paquets. Il cumulait cet emploi avec celui d’ « hospitalier » « et même de fossoyeur ».
Un garde bois était préposé à la surveillance de la forêt communale. Lorsque l’on étendit la surveillance à tout le territoire il prit le nom de garde terre.
Le chirurgien habitant généralement une localité voisine était tenu tous les mardis de soigner les pauvres par charité en n’exigeant que 12 sols par visite.
Le trésorier était chargé de la perception des impositions sur les biens, maisons et bestiaux et du paiement des dépenses communales. Ses fonctions étaient chaque année mises aux enchères et délivrées à celui qui offrait les meilleures conditions.
Un « campanier » était aussi salarié pour sonner les cloches en cas de menace d’orage et pendant les processions.
Un porcher communal était rémunéré 6 livres par an et on lui octroyait une rétribution mensuelle de 2 sols par porc.
 
Le boulanger communal avait le monopole de la vente du pain avec faculté de prendre dans la forêt du Déffends le bois nécessaire au chauffage du four.
 
On accordait au boucher pour y installer son étal le bas de la maison commune contre une somme de 5 livres par an et 2kg de chandelles.
 
Les seigneurs et nobles
 
Les seigneurs les plus anciens du lieu appartiennent à la descendance des Vicomtes de Marseille : les D’Agoult. Ils résidaient au castrum puis au château construit en contrebas comme nous l’avons évoqué précédemment.
Au XVIème siècle apparaît une nouvelle aristocratie de propriétaires nobles n’habitant pas forcément sur les lieux de leurs propriétés (les forains) et qui occupaient généralement une place importante au Parlement de Provence ou dans la Ville d’Aix. C’est le cas des Vitalis anciens commerçants ennoblis qui achetèrent une partie de la seigneurie en 1529 ou des Honnorat. Ces coseigneurs du lieu s’en partageaient la juridiction, ils exerçaient les droits de haute, moyenne et basse justice.
D’autre nobles possédaient des biens localement : Louis de Félix, seigneur d’Ollières, la marquise de Forbin, sa mère, Alexandre de Coriolis (syndic des « forains » en 1700), de Roquefeuil, Pierre de Rougemont, bourgeois, ainsi que les gentilhommes verriers, du queylar, d’Escrivan, de Ferry la Blache….
 
Le dernier seigneur de Pourcieux fut Pierre Symphorien Pazey, seigneur de Thorame que la population reconnut comme « seigneur et haut justicier du lieu et de son territoire » en 1759.
 
Le clergé.
 
Le prieuré de Pourcieux dépendait de l’abbaye de Saint Victor de Marseille, un religieux de ce monastère avait le titre de prieur et percevait les revenus de la Dime.
Le service paroissial était fait par un vicaire et un « segondaire » nommé par l’archevêque d’Aix et dont les traitements étaient servis par le prieur, chargé, en outre, de contribuer en partie aux réparations de l’église paroissiale.
L’église dédiée à l’origine à Saint Victor, a été ensuite dédiée à Notre Dame de Nazareth. Elle est aujourd’hui dédiée à Notre Dame de l’Assomption.
 
La structure sociale agricole
 
Au sein de la paysannerie locale, on distingue :
 
Le ménager, propriétaire assez important pour vivre de ses biens.
Le travailleur, le plus souvent petit propriétaire mais dépourvu de terres assez vastes pour nourrir sa famille. Il est donc contraint de vendre sa force de travail en journées plus ou moins nombreuses.
Le laboureur, est généralement un valet de labour, un ouvrier agricole employé dans les propriétés des bourgeois et des nobles.
Le berger, comme le laboureur est employé par les propriétaires et les nobles. Localement le plus important propriétaire de troupeaux était la famille de Rougemont qui possédait de nombreuses terres sur les flancs du Mont Aurélien.
 
Ainsi se détache une mince « élite » qui tire profit de la terre par une exploitation indirecte, ce sont les seigneurs qui par ailleurs occupent souvent des charges importantes au Parlement de Provence ou les nobles « forains », ainsi que les bourgeois, en l’occurrence les Rougemont notamment grâce à l’élevage du mouton.
 
Les non-propriétaires semblent finalement assez rares mais beaucoup de petits propriétaires pratiquent des cultures vivrières ou des oliviers sur des « restanques » ou « faissas » aujourd’hui abandonnées qui constituaient un paysage agricole différent de celui que nous connaissons aujourd’hui.
 
 
Le troisième château de Pourcieux.
 
1753 La fabrique de verrerie qui occupait la place centrale et une partie de l’emplacement du château d’Espagnet depuis le début du XVème siècle est supprimée.
 
Lorsque Pierre Symphorien Pazery de Thorame achète la seigneurie de Pourcieux il n’a de cesse de faire un remembrement de ses terres et de construire une « maison des champs » à l’emplacement de l’ancienne verrerie désormais inoccupée. Ce riche seigneur qui avait une charge importante au Parlement d’Aix était un gestionnaire averti. Il décida donc de joindre l’utile à l’agréable en dédiant les caves de son château à l’activité viticole des ses terres. Ainsi avant d’édifier sa « bastide aixoise » il fit construire les soubassements de son château à usage de cave puis il fit remblayer le tout ce qui explique aujourd’hui que le château soit surélevé par rapport à la place.
 
C’est à cette époque aussi que le ruisseau du Piscart qui traversait jadis la place avant de rejoindre « les Avalanches » fut canalisé et couvert par ses soins.
 
La révolution à Pourcieux.
 
Les cahiers de doléances du tiers état de la commune, à la veille de la convocation des états généraux (1789), sont particulièrement pertinents et modernes en matière d’éducation.
 
Les collèges, écrit le tiers de Porcioux (sénéchaussée d'Aix) doivent «former des hommes et des citoyens» et non plus «des grammairiens et des sophistes». ...
 
Le 8 septembre 1790, un mois après l’abrogation des privilèges (4 août 1789) la communauté assemblée dans l’église déclare : « Il ne sera plus payé aucune cense féodale tant en blé qu’en argent et volaille et autre quelconque à de Thorame ».
 
Le 19 septembre 1790 Armand Revest curé et François Horricy vicaire prêtent serment à la constitution « en présence de la municipalité et d’un nombre infini de paroissiens avant le saint sacrifice de la messe ».
 
Jules Pazery de Thorame vicaire général de Toulon, le fils du seigneur de Pourcieux, Pierre Symphorien de Pazery de Thorame, conseiller au Parlement et de son épouse Catherine Lordonne, refusant de prêter serment à la constitution est arrêté à Paris le 11 août 1792, incarcéré au couvent des Carmes il y sera assassiné le 2 septembre 1792.
Après la confiscation des biens de l’église la commune de Pourcieux fit une soumission pour acheter la terre et la source des Molières qui appartenaient aux Pères Dominicains de Saint Maximin. La terre fut vendue à un riche particulier et la source revint à Saint Maximin. De même la communauté fût déboutée dans son effort pour que le territoire de Roquefeuil soit rattaché à Pourcieux, il sera rattaché à Pourrières.